Après la bataille…Anticiper !
Le bouquet de mesures inspirées de la loi croissance et activité est maintenant complet, et pour nombre d’entre-nous, il s’apparente à une couronne mortuaire qui serait déposée au pied de nos panonceaux…
Tandis que les structures professionnelles, fidèles à la méthode employée ces vingt dernières années se réjouissent d’avoir sauvé l’essentiel et remercient pour chaque nouvelle charge, chaque nouvelle contrainte qui nous est imposée «en contrepartie de nos privilèges», vous, professionnels de terrain devez vous « adapter », composer avec les « nouvelle donne » et « PNA »…
Les combattants d’hier s’épanchent en textes nostalgiques quand ils n’ont pas, purement et simplement quitté le navire et parfois même revêtu l’uniforme de l’ennemi…
L’aubaine de l’horodatage a réveillé un nombre impressionnant de prédateurs qui se sont mêlés aux naïfs dans la quête d’un eldorado ; pourtant et dès le jour de la « tombola » il était évident qu’à l’occasion de cette «ruée vers l’or », comme pour celle du Klondike, la fortune espérée par tous les compétiteurs serait surtout faite par les marchands de matériel de prospection…
Le notariat oldschool a vécu, nous dit-on, vive le notariat 2.0 ! Insensiblement, n’en doutons pas, on nous poussera vers un notariat « triple zéro »…
Car notre profession, à force de se regarder le nombril et de compléter l’arsenal des chinoiseries dont elle espère qu’il assurera éternellement la sécurité du pré-carré, a tout simplement négligé la motivation de ses adversaires…
Nous compliquions à loisir l’exercice de la fonction, obligeant les Officiers Publics de Plein Exercice – notaires de base – à se plier de plus en plus bas pour franchir les fourches caudines et poursuivre une carrière de moins en moins enrichissante (tant au sens propre qu’au sens figuré), et certains parmi nous se livraient à une sélection qui n’avait plus rien de naturelle à l’égard de diplômés en surproduction.
A l’abri d’une ligne Maginot juridique, ceux qui prétendaient commander la grande armée du notariat ont plus soigné l’apparat que la stratégie et oublié l’art de la guerre !
Sun Tzu disait, notamment : « Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu’elles ne surviennent »
Cette capacité d’anticipation a toujours manqué aux instances qui président au sort du notariat.
Il serait illusoire de penser que la bataille est terminée, il est à la fois inadmissible et présomptueux de la part de certains d’entre-nous de se réjouir d’avoir sauvé l’essentiel même si, pour ce résultat il est évident que certains offices, bientôt “seront passés de vie à trépas”*.
Mais comme après chaque escarmouche (Rueff-Armand, Mitterrand-Badinter, Attali, Darrois…) le CSN reprend sa lanterne, parcourt la France notariale, et clame d’une voix rassurante « Tout est calme, dormez braves gens ! »
Aux réactions parfois violentes de nos adversaires, à la résurrection inopinée d’ancien(ne)s figures de l’antinotariat, il opposera, comme à chaque fois, la réflexion du Périgourdin Talleyrand – dont chacun sait qu’il maîtrisait parfaitement la communication moderne et les réseaux sociaux – « tout ce qui est excessif est insignifiant »
Et le plus grand nombre pourrait bien, une fois encore, s’endormir du sommeil du « Juste », méprisant les cris d’agonie des plus faibles comme les activités discutables (expansion exponentielle des réseaux, auto-ubérisation et alliances avec des marchands de soupe d’électrons, délocalisations etc.) des « requins-carpettes » et « requins grande gueules »
La prochaine offensive sera, comme toutes les précédentes inattendue et la profession n’aura, cette fois encore, aucune autre argumentation à proposer que l’éternelle lamentation désespérée : « Pourquoi tant de haine, nous n’avons pas démérité ».
Et si, précisément, nous avions démérité ?
Comment justifier notre existence si, généralement, nous ne parvenons pas à apporter une justification convaincante à cette présence ?
Une bonne connaissance de notre passé historique permet de rappeler à nos détracteurs que nous n’avons rien à voir avec les notaires d’ « ancien régime » et que l’abolition des privilèges a conduit à une rupture de continuité dont les conséquences funestes ont, précisément, été à l’origine de la loi de Ventôse !
Devons nous attendre que le notariat soit – une nouvelle fois – supprimé au profit de ceux qui rêvent de bénéficier de son aura pour jouer « au creps, au biribi, à la bouillote » (à lire en détail ici)
Nous vous proposons au contraire, d’anticiper…
Et si le notariat n’existait pas ! Ne faudrait-il pas l’inventer ?
Mais puisqu’il existe, qu’attendons-nous pour le ré-inventer ?
Notre Confrère Étienne DUBUISSON s’est livré à cet exercice, en rédigeant une synthèse de quelques idées que nous entendons vous soumettre.
Nous n’attendons pas de vous que vous adhériez aveuglément à ces idées, mais, tout au contraire, que vous apportiez vos avis, vos critiques, d’autres approches et propositions, pour poser les bases de ce débat que nous étions quelques-uns à souhaiter l’organisation dès le printemps 2014…
L’exercice est d’autant plus difficile dans une période d’incertitude économique et structurelle, nous en avons conscience, mais cette situation devrait vous apporter la motivation indispensable pour vous poser toutes les questions, plutôt que d’attendre, comme à l’accoutumée, que des réponses vous soient adressées par sarbacane par « ceux qui savent »
L’unité de la profession ne peut être réelle que si, enfin, nous parvenons à concrétiser ce qu’on nous présente souvent comme pure utopie : que les décisions prises pour le biens de tous soient déterminées après écoute des idées de chacun.
A vos claviers, (par mail via le module de contact, ou pour les adhérents sur le forum de ce site)
A vos plumes,
A bientôt peut-être pour des Etats GénérEux de la Profession.
aidez-nous à REINVENTER LE NOTARIAT
reinventer-le-notariat-16-11-16- selon l’expression textuellement utilisée par Me COIFFARD lors d’une intervention lors de l’Assemblée Générale Intercours à DIJON en mai 2016.
C’est un de mes “dadas”, n’oubliez pas que les avocats ont une mémoire, au moins aussi bonne que celle des notaires et qu’un ancien garde des sceaux, tombé dans les oubliettes, Mr Capitant, avait en son temps annoncé l’arrivée de l’homme juridique nouveau, qui avait pour nom l’Avocat.
Et comme les avocats et le gouvernement, cela ne fait qu’un!! CQFD
Personnellement, ce n’est pas l’arrivée de l’ “homme juridique nouveau” qui m’inquièterait. En tant que notaire cependant, je souhaiterais que le nom de cette créature OGM ne soit pas “avocat”, pour éviter toute confusion. Si nous devons être hybrides, soyons le jusqu’au bout, et comme nous ne parviendrons jamais à nous mettre d’accord entre “notavoc” ou “avotaire”, changeons carrément…Plutôt qu’avocat, je ne sais pas, moi, patate ? cornichon ?
Plus sérieusement, ce qui me gêne actuellement dans l’émergence d’un “être juridique nouveau” c’est le terme “juridique”. Il me semble que nombreux de nos “grands penseurs” sont aujourd’hui déconnectés du réel, et obsédés par le conceptuel mais aussi qu’ils répètent avec respect ce que d’autres “grands” ont dit avant eux…
J’en viens presque à regretter qu’aucun d’entre eux n’ait repris à son compte l’idée de la “péréquation”…Un prétendu défenseur de la profession m’a un jour “texté” que le porteur d’une idée était plus important que l’idée elle-même (rejoignant en cela les ex-CND qui prétendaient en faisant exploser le collectif que l’idée était très bonne mais que nous n’étions pas, Jean Marc SARZIER, Rémi VIBRAC et moi-même les porteurs adéquats)
Du reste, si l’idée de tarif ajusté a eu plus d’écho dans une certaine région de France, c’est en grande partie parce-que le nom d’André LAPEYRE (l’un des porteurs passés) y conserve un très bon écho.
C’est pour cette raison que le relais doit continuer, que l’idée doit circuler…Comme je le disais dans un article déjà ancien de Notariat 2000, si nous lançons sans cesse des idées, elles finiront bien par tomber dans le terreau adéquat pour leur développement harmonieux.
Un être “unique” ? Pourquoi pas, s’il cumule toutes les qualités des composants…Et pour le peuple, au nom duquel nous conférons l’authenticité, j’affirme que l’une des qualités essentielles réside dans un tarif unique, lisible, et redistributif permettant à chacun de choisir le meilleur professionnel sans se poser la question du coût.
Je ne suis pas Capitant, pas plus que Grimaldi, je ne pratique pas le culte des “pontes de la doctrine”, je suis un vulgaire praticien bouseux, qui a le souci de satisfaire ceux qui lui font confiance. Alors “homme juridique nouveau” suppose à mes yeux “tarif d’un service nouveau”, mais les principes demeurent…
Je ne suis pas sûr que les avocats rêvent d’un “homme juridique nouveau” qui aurait ne serait-ce qu’une partie de nos contraintes !