On prend les mêmes…

Il vient d’être porté à notre connaissance une nouvelle évolution d’importance pour notre profession unie et solidaire.

Devant les conséquences néfastes de la réforme tarifaire, il semblerait que le Conseil Supérieur du Notariat envisage avec le plus grand sérieux de revoir la grille de classement résultant de notre convention collective, pour permettre une meilleure adéquation à la nouvelle situation.

Il a en effet été, lucidement, relevé que la disparition des Clercs habilités poserait des problèmes à la fois techniques et humains pour ceux qui ont ainsi vu leur qualification remise en cause (nos pensées les accompagnent), mais aussi économiques pour les Études, qui devraient en conséquence recourir aux services d’un notaire salarié, seul capable de recevoir un acte authentique au-delà du mois d’août 2016.

L’idée qui semble dans l’air est excellente m’a-t-on dit : la rémunération du notaire salarié ne pourrait être inférieure à un minimum (lequel…Si on veut le permettre aux petites Etudes dont la trésorerie sera de toute évidence érodée prochainement en raison des remises « homothétiques » et de l’écrêtement des petits actes, ne peut être que très bas…)

Cette rémunération serait naturellement assortie d’un intéressement, proportionnel à sa contribution effective au Chiffre d’Affaires de l’Etude.

Sur le papier, ça paraît en effet généreux et parfaitement approprié ; et nul doute que les jeunes diplômés pourraient être très intéressés par le concept…Enfin « notaire » ! (puisqu’ils semblent persuadés qu’il s’agit là d’un honneur suprême devant automatiquement leur être attribué du fait du mauvais choix des mots formant le titre de leur diplôme) et, qui plus est, rémunéré proportionnellement à leurs qualités, à leur travail…

Illusion ?

Ça se pourrait, en effet !

Proportionnellement à l’apport effectué au Chiffre d’Affaires global….”

Superbe ! dans une profession qui est rémunérée à proportion de la valeur exprimée dans l’acte ! C’est le Pérou

Et le nouvel esclave, confiant comme nous l’avons tous été (parfois, mais tellement rarement à juste titre) envers un associé semblant bienveillant ou envers un prédécesseur qui promettait d’être sympathique et secourable, signera le contrat sans même penser qu’un notaire…

Reçoit des actes rémunérés à taux fixe totalement détachés de leur coût de production

Reçoit des actes rémunérés à taux proportionnel dont le rendement est aisément déterminable à l’avance…

Après « les gros actes qui compensent les petits dans chaque Etude » (mythe entretenu du tarif 1978 permettant aux plus avantagés de maintenir leur haut revenu en demandant aux autres de se sacrifier au nom de l’unité de la profession) voici venir « l’intéressement sur des actes qu’on vous donne à régulariser »

Nul doute que les notaires titulaires, qui sont, comme vous l’avez tous compris, des philanthropes, puisqu’ils refusaient de partager le « gâteau » en multipliant, au-delà du raisonnable, le recours aux habilitations, et ce malgré menaces et injonctions de la couche des C.R.A.S surmontée de la bande de C.L.O.N. qui tentaient vainement d’imposer des mesures de recrutement ou association, reprendront deux pans parfois négligés dans leur activité passée.

Les rendez-vous d’ouverture de dossier seront sous leur contrôle attentif, et ils se chargeront d’attribuer les dossiers en fonction de critères de « complexité, spécialité, et niveau de compétence du notaire salarié »

Bien entendu les dossiers dépassant un certain niveau de rémunération seront « trop complexes » pour être confiés à des notaires salariés…N’oublions pas en effet que ces mêmes notaires disaient sans rougir « tous les notaires ne sont quand même pas égaux », et « si je suis bien payé c’est parce que je suis plus compétent », ou, variante « parce que j’ai développé une compétence particulière sur des questions d’une haute technicité » (sous-entendu, « si tu étais major de promo et que tu as repris une étude rurale, tu es devenu incompétent et si, diplômé du dernier rang tu as repris des parts hors de prix dans une étude urbaine tu es un génie ») pour justifier l’écart colossal existant entre les rémunérations région par région.

Ils sauront sans nul doute (soyez francs, mesdames et messieurs les jeunes loups, que feriez-vous à leur place, vous qui bavez précisément de façon indécente devant cette place !) trier les dossiers en fonction de leur intérêt…

Le notaire salarié recevra donc force notoriétés sans actif en suite, et toutes les petites affaires lourdement macronisées qu’il faudra bien faire « pour le service du client »…

Après le TPO de maillage territorial on envisage d’inventer le « notaire low-cost »

– Un salaire fixe minime

– Une rémunération proportionnelle sur des actes non rentables

– Une équipe sous-qualifiée, sous-payée, sous…d’autres latitudes et longitudes.

– Des outils de base au plus bas prix

Tandis que le notaire titulaire lui continuera, tout à fait tranquillement, à recevoir les plus grosses affaires avec une équipe locale performante, le dernier cri de la technique, et la certitude de fins de mois réjouissantes…

Rappelons qu’on aura aussi « tué » les anciens TPO…Ce seront, sans nul doute, des collaborateurs performants, qu’on écrasera de travail non sans leur faire remarquer très régulièrement l’extrême générosité qui a conduit à les recruter plutôt que de les laisser mourir, et surtout qu’après avoir repris à la casse leur “clientèle pourrie“* il leur est nettement plus facile de continuer à “se la coltiner“*…

J’exagère ? Même si les jeux d’argent sont interdits aux notaires, êtes-vous prêts à prendre des « Paris » ?

Il est encore temps d’ouvrir les yeux, vous ne les avez que trop fermés sur les errances du passé.

*Je me permets d’emprunter ces termes élégants à un Très Gros Con frère, chargé de fonctions nommélues de très haut niveau qui les a prononcés dans une conversation à laquelle une de mes oreilles invisibles assistait sans qu’il le sache…Pour éviter une purge dans ses bureaux, je précise au cas où cette citation lui reviendrait qu’elle a été entendue dans un lieu public par quelqu’un qu’il ne connaît absolument pas ! Bravo, voilà qui représente parfaitement la dignité de l’Officier Public à l’oeuvre…

2 réponses

  1. François KIEKEN dit :

    On prend les mêmes…….,c’est le titre donné à cet article qui décrit une situation potentiellement nouvelle ou du moins telle que la voit le CSN.
    Mais que croyez vous, que çà n’existe pas déjà!! pour moi, j’ai un gout de déjà vu dans la bouche.
    On en parle aujourd’hui, mais c’était bien existant avant

  2. Didier Mathy dit :

    Il me semblait que le titre était clair, François…
    Normalement c’est le début d’une phrase qui s’achève par “et on REcommence”
    Cette méthode nouvelle appliquée à une évolution déjà ancienne est la démonstration même de l’échec de la volonté de réforme qu’affichait le Gouvernement !
    “On” (Montebourg) prétendait vouloir lutter contre la rente, et défendre le faible face à ces ignobles profiteurs qu’étaient les notaires…Mais les effets de la réforme ne feront qu’amplifier le problème.
    Malheureusement, les plus jeunes, et les plus naïfs, sans parler des plus “conformes” ne voient pas, et pensent que “tout est pour le mieux”.
    L’esprit que nous voulons développer, par Res-Iste, est conforme à l’idéal exprimé par REAL, et manifestement, nous nous éloignerons de plus en plus si les pistes du futur sont celles qu’ont choisi les instances statutaires !

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