Les larmes du croco-deal

Extrait de l’interview du Président du Conseil Supérieur du Notariat au Télégramme de Brest en date du 22 mars dernier, où l’on ressent la profondeur de la réflexion, la compassion à l’égard des 1.000 emplois (pour la région concernée) menacés, des notaires dont la vie se trouvera bouleversée en remerciement des services réellement rendus “aux bourgs” (les hameaux comptant bien moins encore), et l’envie véritable de se battre…

“Quelles seraient les conséquences des disparitions d’offices ?

Ce n’est pas le notaire lui-même qui serait le plus en difficulté, il pourra s’installer ailleurs, près d’un pôle urbain, en association ou pas. Ce serait plus dramatique pour les collaborateurs. Et ce serait aussi une perte pour les bourgs. Le notaire est souvent sollicité pour des conseils gratuits ou pour apporter une aide bénévole aux habitants. J’en connais qui font chaque année la déclaration fiscale de personnes âgées du village.”

Comment s’étonner ensuite que les hauts-fonctionnaires de Bercy soient tout à fait sereins, et puissent, même, affirmer que l’écrêtement s’accompagne d’une meilleure prise en compte des intérêts des petites Etudes, et plus particulièrement en ce qui concerne les actes portant sur des valeurs de moins de 500,00 € qui bénéficient d’une “revalorisation”…

Quand le CSN approuve sans mot dire, ou même (nous n’étions pas là…) valide expressément (ce qui nous a été affirmé) des interprétations complètement erronées de l’administration, communique ensuite sur un ton serein avec un texte à peine lisible pour dire que les villages n’auront bientôt plus de notaires, et annonce, en sentant monter une fronde, qu’il va faire “un recours au Conseil d’Etat”, on peut légitimement se demander à qui profite le crime, et détourner les yeux des boucs-émissaires désignés pour chercher réellement l’instigateur, le commanditaire de cette élimination…Les lecteurs et auditeurs attentifs peuvent trouver des annonces “à demi-mot” dans des discours officiels remontant à 2010.

La profession entière avait été appelée, en 2014, à manifester lorsqu’il était question de baisser les revenus “indécents” et la “rente”…On est bien loin de constater la même énergie mobilisatrice pour défendre ce qui a pourtant toujours été présenté comme l’essentiel : authenticité et maillage territorial d’accès au droit…

Le nom de “Good Bail Notaires” n’a manifestement pas été choisi par erreur, seulement annoncé trop tôt ; c’était un adieu confraternel à l’intention des véritables notaires de chair et d’os, ces notaires “Bould’hum” (bouleversants d’humanité) appelés de ses voeux par la Présidente du Congrès 1995 du Syndicat National des Notaires, et dont il avait été conclu qu’ils devaient avoir “les pieds sur terre, le coeur sur la main, la tête dans le cyberespace”

Rappelons cette réflexion faite à l’un des nôtres dans le cadre d’un échange verbal “franc et massif” au stand R.E.AL.not lors d’un Congrès National, concernant les fleurons de la “modernitude” notariale, leur coût et leur inefficacité : “La profession l’a décidé, vous n’avez plus qu’à obtempérer et la fermer, les notaires disparaitront mais le notariat survivra, l’A.D.S.N. est (En fait, il disait “Je suis”, l’A.D.S.N. étant elle même sous-entendue, et il n’était déjà plus question du CSN, qui devrait donc craindre de n’être que l’instrument avant sa propre élimination) le notariat”

A l’époque cette phrase ressemblait à une provocation mégalomane. Avec le temps, et au vu de certains indices (Tels que Cofaris Consortium Quatre) il pourrait être utile de revenir sur cette interprétation ! Laisserons nous l’ “Association Désormais Sans Notaire” être le notariat ?!

Notre survie, celle des petits et moyens offices a été placée dans la balance d’un accord équilibré pour ceux qui l’ont “négocié”. Aujourd’hui, les expressions larmoyantes (?) des nos dirigeants ne sont finalement rien d’autre que les larmes d’un croco-deal.